Martin Maletinsky, président de Paysage Libre Zurich, membre des deux comités d’initiative
Les forêts sont des espaces de détente importants pour l’homme et elles sont aussi les derniers grands habitats d’un seul tenant pour de nombreux animaux sauvages. Les forêts sont donc essentielles pour la biodiversité, alors que cette dernière est déjà fortement menacée.
Pourtant, il est prévu de détruire des forêts dans tout le pays pour y installer des éoliennes. Ainsi, la majorité des zones éoliennes proposées par la direction des travaux publics du canton de Zurich se trouvent, au moins en partie, en forêt. Et des éoliennes sont déjà prévues en de nombreux endroits dans des forêts (Chroobach/SH, Mollendruz/VD, Lindenberg/AG&LU, Stierenberg/LU, …).
Protéger les habitats naturels
La construction d’éoliennes et des routes d’accès à lourde charge qu’elles nécessitent représente une intervention massive dans l’écosystème forestier et, en fonctionnement, les rotors mettent en danger les oiseaux et les chauves-souris. En cas d’avarie, la forêt est encore plus menacée par les fuites d’huile, les incendies et les éclats de pales de rotor dispersés sur une grande surface.
Même les organisations environnementales les plus ouvertes à l’énergie éolienne émettent des réserves quant à l’implantation d’éoliennes en forêt. Ainsi, on peut lire dans les directives de l’accord sur la protection des espèces Eurobats : « En règle générale, les éoliennes ne devraient pas être installées dans les forêts ou dans un rayon de 200 mètres autour des forêts, car ce type d’emplacement représente un risque pour toutes les chauves-souris ». Dans sa « fiche technique sur l’énergie éolienne », Birdlife dresse la liste des forêts et des lisières de forêt comme sites particulièrement problématiques et écrit textuellement : « Il faut donc s’abstenir d’installer des éoliennes dans les forêts et surtout en lisière de forêt ». Enfin, l’organisation de protection de l’environnement Pro Natura Lucerne a écrit dans sa prise de position sur le parc éolien de Stierenberg : « En guise d’introduction, nous tenons à préciser que Pro Natura n’est pas disposée à accepter des éoliennes dans une forêt fermée ».
En raison de l’importance de la forêt en tant qu’habitat pour de nombreuses espèces, le risque pour les animaux volants est particulièrement élevé en forêt par rapport à d’autres sites. De nombreux oiseaux et chauves-souris ne sont pas directement touchés par les pales, mais meurent en raison des grandes différences de pression atmosphérique à proximité des pales en mouvement qui font éclater les vaisseaux sanguins et les organes. Cela entraîne une mort atroce.
Proportionnalité
Cela n’a aucun sens de détruire la nature pour produire de l’électricité soi-disant écologique. Cela s’accorde mal avec l’argument selon lequel les éoliennes protègent le climat, notamment si ça implique la destruction de la forêt qui est un puits de carbone naturel.
La construction d’éoliennes dans la forêt est également disproportionnée par rapport aux autres mesures strictes de protection auxquelles sont soumises les utilisations de la forêt. Dans le canton de Zurich, le Grand Conseil a interdit l’équitation dans certaines parties de la Sihlwald à partir du 1er janvier 2019 pour des raisons de protection de la nature, alors que la construction d’une éolienne nécessite des dizaines de transports lourds à travers la forêt.
Préserver une protection efficace des forêts
Pour ces raisons, notre initiative veut renouer avec la protection des forêts, qui a été jusqu’à présent particulièrement efficace et exemplaire en comparaison internationale. Cette protection a débuté en Suisse il y a bientôt 150 ans avec la première loi fédérale sur les forêts en 1876, afin de protéger la forêt en tant qu’habitat naturel de nombreuses espèces animales et d’espace de détente pour les humains d’aujourd’hui et ceux des générations futures également.